lundi 9 novembre 2015

Entrevue (à distance) avec le Dr François Grand'Maison, neurologue et directeur de la clinique Neuro Rive-Sud

Quels sont vos impressions du grand congrès de l'ECTRIMS qui s'est tenu en octobre?


J’ai bien apprécié les conférences à l'ECTRIMS. Cette année, bien que tous les sujets aient été abordés, celui des phases progressives a dominé le congrès.

D’ailleurs, la conférence inaugurale du congrès portait justement sur les formes progressives de SP. Elle a été donné par le professeur Alan Thompson, de l’Institute of Neurology, Department of Brain Repair and Rehabilitation à Queen Square à Londres. Il a parlé de cinq défis : le diagnostic précoce, les phénotypes, les mécanismes pathophysiologiques, les traitements et les mesures d’efficacité des traitements.

Une révision de la classification des formes progressives a eu lieu en 2013 mais n’est pas encore utilisée couramment. Il est suggéré de ne plus utiliser les termes « primaire » et « secondaire » mais plutôt « progression » ou « absence de progression ». En effet, rien n’indique qu’il y a des différences pathophysiologiques significatives entre les formes primaire et secondaire. De plus, les gens atteints d’une forme progressive de SP ne progressent pas nécessairement tout le temps. Il peut y avoir des périodes de non-progression. Les mécanismes de progression et d’arrêt de progression ne sont pas bien compris. Il est important de mieux les comprendre pour mieux traiter la progression.
 
Deux mesures de progression ont souvent été discutées au congrès. Premièrement, le volume cérébral et son corolaire, l’atrophie cérébrale. « Atrophie » signifie perte de substance cérébrale qui inclut la perte de cellules nerveuses et de myéline. L’atrophie cérébrale est normale avec les années, à partir de la vingtaine. Le cerveau sain s’atrophie de 0,1-0,4% par année alors que le cerveau atteint de SP s’atrophie en moyenne trois fois plus vite, jusqu’à 1,2% par année. Il est rassurant de constater que plusieurs médicaments ralentissent considérablement l’atrophie cérébrale, mais pas nécessairement dans les formes progressives de SP. 

L’autre mesure de progression est en réalité une mesure de dégénérescence axonale. Il s’agit du taux de neurofilaments dans le liquide céphalorachidien (LCR) que l’on obtient à l’aide d’une ponction lombaire. Il y a une bonne corrélation entre l’efficacité des traitements et de ce biomarqueur.

Ces deux mesures, l’atrophie cérébrale et le taux de neurofilaments dans le LCR, permettront de déterminer beaucoup plus rapidement l’efficacité de traitements potentiels des formes progressives de la SP. D’ailleurs, le premier traitement efficace pour ralentir la vitesse de progression de la SP, l’ocrelizumab, diminue aussi la vitesse de l’atrophie cérébrale. Espérons qu’il sera approuvé bientôt.

vendredi 6 novembre 2015

Anne-Marie Trudelle, neurologue

Pour terminer la journée en beauté, Nadine interroge Anne-Marie Trudelle, neurologue, fellow en sclérose en plaques, Clinique de sclérose en plaques, Institut neurologique de Montréal.


Rencontre avec Laure Michel, MD, PhD

Laure Michel est arrivée de France il y a maintenant deux ans, et travaille avec le Dr Alexandre Prat au Centre de recherche du Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CRCHUM). Elle nous parle de ses recherches plus en détail...

Entrevue avec le Dr Mark S. Freedman


Dr Mark S. Freedman, neurologue et directeur de la clinique de SP d'Ottawa

Dr Freedman, et Nadine
L’Ectrims a été un événement très intense avec15 000 présentations magistrales et par affiche, et plus de 9000 et peut-être même 10 000 participants. Il s’agit probablement du plus gros congrès à ce jour sur la SP.
Plusieurs aspects de la SP y ont été abordés : pathologie, immunologie, modèle de SP, IRM, biomarqueurs, nouveaux traitements. C’est toujours excitant d’en apprendre plus sur les traitements potentiels. J’ai été particulièrement intéressé par les études sur le potentiel thérapeutique des lymphocytes B, il y a eu des rapports sur trois études majeures, ce qui est exceptionnel.  
L’ocrélizumab a également donné de bons résultats pour la forme cyclique comparé à l’interferon et a également donné de bons résultats dans la forme progressive primaire. Le traitement pourrait aussi potentiellement fonctionner chez certaines personnes qui ont une forme progressive secondaire. Ça pourrait dépendre notamment du niveau d’activité de la maladie, nous n’avons pas encore toutes les réponses.
Une autre étude intéressante venait d’un groupe de France qui avait étudié la prise de hautes doses de vitamine B7 (biotines). L'étude portait sur les formes progressive primaire et secondaire et a démontré une amélioration, notamment de l’EDSS et de la vitesse de marche. On a rarement parlé d’un traitement qui permet une récupération. Cette étude est surprenante.
Je  travaille actuellement sur une étude sur les cellules souches. Il y a une mauvaise compréhension de ce que sont les cellules souches. Certaines personnes ont voyagé à travers le monde pour recevoir des traitements qu’elles croyaient être des cellules souches ,mais nous ne savons pas de quoi il s’agissait exactement.

Notre étude fait partie d’un essai clinique international qui porte plus précisément sur les cellules souches mésenchymateuses (CSM). Plusieurs personnes en Europe ont été recrutées et nous sommes heureux de donner l’opportunité à des Canadiens de s’y joindre. Les CSM sont présentes dans de nombreuses parties de l’organisme, notamment la moelle osseuse, la peau et les graisses. Il a été démontré que les CSM entravent l’inflammation et participent à la réparation des tissus nerveux, ce qui en fait des candidats intéressants pour le traitement de la SP. Nous souhaitons que ce traitement ait un impact sur la progression de la maladie mais aussi qu’il permette une certaine récupération.
L’étude se déroulera à deux endroits au Canada et recrutera 20 participants à Ottawa et 20 à Winnipeg. Elle comporte des critères autant pour les formes progressives que pour la forme cyclique.

Rencontre avec le Dr François Jacques, neurologue et directeur, Clinique neuro-Outaouais


Valerie Hussey : conférence sur les conflits d'intérêt

Rencontre avec Valerie Hussey, qui siège sur le conseil d'administration de la Société de la SP.

Valerie Hussey, en entrevue avec Nadine

Pouvez-vous m'en dire un peu plus sur le sujet de votre conférence?
Ma conférence traite des conflits d'intérêt dans la recherche médicale. Je ne pense pas résoudre tous les conflits d'intérêt mais j'espère montrer l'importance de s'en préoccuper, surtout dans les relations entre les chercheurs et les institutions pour lesquelles ils travaillent.

Vous allez présenter en tant que membre du conseil d'administration?
Non, je présente en tant que moi-même, un individu, qui est membre du conseil d'administration mais aussi mère d'un fils atteint de SP, la raison de mon engagement depuis 2008. J'ai toujours été claire : mon opinion est juste celle d'une seule personne très impliquée. Je n'ai pas étudié la science, et je n'ai pas non plus étudié les conflits d'intérêt. J'ai vraiment approché ce sujet comme une personne avec une certaine curiosité.

Pouvez-vous me donner un exemple de conflit d'intérêt?
Il y a des biais dans tout ce que nous faisons. Une recherche qu'un scientifique débute a déjà un certain degré de biais parce qu'il teste quelque chose en pensant que le résultat sera peut-être positif. Le biais peut évidemment nous mener dans une certaine direction et un conflit d'intérêt peut naître lorsque par exemple une personne a la capacité d'en influencer une autre pour des raisons d'autorité ou de contrôle et de relations économiques, ou si un chercheur a été financé par une compagnie pharmaceutique. Quand les chercheurs doivent-ils révéler des conflits d'intérêt à des individus qui vont participer à leurs études? J'ai trouvé cela très intéressant et surprenant que des gens aient dit qu'ils voulaient en effet en être informés, même si cela peut influencer leur décision de participer à l'étude. Comment assurons-nous l'indépendance entre les scientifiques, les chercheurs, ceux qui les financent pour s'assurer que le travail est fait sans ces attaches?

Le but de cette conférence est-il de rendre les chercheurs plus conscients de cela et peut-être changer leur approche?
Exactement. Je voudrais que les gens y pensent au moins. Ils travaillent dans des domaines qui peuvent paraître très lointains pour la population en général. Moi-même, il m'arrive souvent de réaliser à quel point je ne comprends pas certaines conférences scientifiques! Je ne vois pas pourquoi ils ne voudraient pas inclure les conflits d'intérêt dans leur façon de penser et d'étudier?

Rencontre avec le Dr Anthony Traboulsee, MD

Le Dr Traboulsee, MD est professeur associé en neurologie et chercheur à l'Université de la Colombie-Britannique. Nadine a pu l'interroger sur sa vision de la recherche en SP.

Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur votre conférence?
Aujourd'hui, j'ai parlé des différentes façons dont on peut utiliser l'imagerie par résonance magnétique (IRM) pour confirmer l'efficacité d'un traitement. L'IRM nous permet de regarder le fonctionnement du cerveau d'un angle large très rapidement et sans danger (sans radiation). Elle nous permet de voir comment la SP affecte non seulement la structure du cerveau, mais aussi la manière dont il se défend et s'adapte, ce qui est très important en SP. Nous pouvons ainsi voir par quels mécanismes le cerveau se répare et évaluer l'amélioration du système nerveux central chez les personnes atteintes de SP.

Nous espérons que cela nous donnera des pistes pour de nouveaux traitements. Notamment, une étude financée par la Société de la SP porte sur les cellules souches. Ces dernières sont dans notre corps, et pourraient aider à réparer certaines parties de notre corps, comme la myéline dans le cas de la SP. Ce qu'on ne sait pas, c'est si ça fonctionne réellement et l'IRM nous permettra d'établir de façon précise si ces cellules souches réparent vraiment le cerveau.

Quel est le sujet de recherche en SP qui vous passionne le plus?
Il y en au moins trois :
- L'étude canadienne sur la minocycline, un antibiotique pour soigner l'acnée. Il a des propriétés anti-inflammatoires. Et certains chercheurs ont voulu valider l'hypothèse que la minocycline pourrait fonctionner pour prévenir la neuroinflammation en SP. Et ça a marché! C'est énorme, le potentiel de ces résultats est très prometteur.
- Un nouveau traitement pour la SP, l'ocrélizumab, a des résultats très prometteurs pour la forme cyclique de la SP.
- Le même traitement mais pour la SP progressive. C'est le premier essai clinique qui a montré de tels résultats pour le traitement de cette forme de la maladie. Le traitement ne guérit pas la SP, mais il la ralentit. C'est donc un résultat mitigé : il nous montre que la SP progressive est traitable mais on a besoin de trouver encore mieux, mais ça a ouvert la porte à un grand espoir.



Nadine et le Dr Traboulsee, MD

Panel de discussion avec deux éminents chercheurs canadiens

En fin de matinée, les Drs Mark Freedman et Alexandre Prat animent une discussion sur les nouveaux enjeux du domaine de la sclérose en plaques.



Dr Freedman et Dr Prat, durant le panel de discussion
Est-ce que les traitements actuels atteignent nos objectifs?
Dr Freedman : "Je crois que les traitements actuels n'atteignent pas l'objectif de contrôler complètement la SP. Aucun traitement ne peut arrêter toutes les poussées chez tous les patients. Une étude sur une combinaison de traitements pourrait avoir plus de chance d'atteindre cet objectif. Il n'est pas possible de prescrire plus d'un traitement actuellement car nous n'avons pas la preuve de l'efficacité et, malheureusement, il y a aussi la raison des coûts. Si on peut contrôler l'inflammation dès le début, on pourrait sûrement avoir un meilleur contrôle de la maladie. On a dû catégoriser les traitements, mais nous n'avons pas assez de données qui comparent l'efficacité de tous les traitements. En revanche, on peut prendre nos décisions en se basant sur le ratio risques / bénéfices".

Le Dr Prat est d'accord : nous n'avons pas encore atteint l'optimisation des traitements. On n'a pas encore suffisamment établi la sécurité des traitements pour qu'on puisse faire des combinaisons.

Dr Duquette : "Dans le cas d'autres maladies, on voit des combinaisons de traitements, notamment en épilepsie, et on ne voit pas de grande différence".

Dr Pratt : "Si on était capables de mettre le système nerveux central à zéro, on pourrait combiner des traitements qui attaquent des mécanismes différents de la maladie. Mais encore une fois, c'est complexe, à cause des effets secondaires".

Le Dr Antel intervient pour parler de l'Alliance mondiale qui travaille à faire avancer plus rapidement la recherche progressive.

Où en est-on avec le traitement des formes progressives?
Dr Prat : "A-t-on besoin de plus de modèles "animal" de la SP pour faire avancer la recherche sur la forme progressive? Une étude large pourrait permettre de trouver des biomarqueurs qui prédiraient qui est à risque de passer à une forme progressive de SP. Dès le début de la SP cyclique, on aurait besoin d'outils cliniques pour identifier des indicateurs qui prédiraient la progression. Je pense qu'il est plus probant d'étudier les personnes atteintes de la forme cyclique de la SP, avant qu'elles ne passent à une forme progressive secondaire. Ce sera plus efficace que d'étudier la forme animale de la SP. Je crois qu'on apprendrait beaucoup en étudiant les cerveaux des personnes atteintes de SP après le décès. Ce serait sûrement très aidant pour l'avancée des connaissances."

Dr Freedman : "La myéline se répare à certains moments, à d'autres non, chez certaines personnes la réparation se fait, chez d'autres non. Lorsqu'une personne accumule les incapacités et qu'elle passe à la forme progressive, il est difficile d'identifier le moment où la ligne est franchie. Si on n'est pas capables d'identifier ce moment exact, c'est compliqué de le prévenir. Les essais cliniques sur la forme progressive de la SP devraient commencer avec la forme cyclique."

Le Dr Comi, quant à lui, est très actif dans la recherche sur les formes progressives de la SP. Il est d'accord avec les opinions des Drs Prat et Freedman : "Nous avons besoin de facteurs qui prédiront le passage vers la forme progressive secondaire. Nous devons mettre nos énergies et nos efforts pour trouver des réponses à cette problématique."

Le Dr Alexandre Prat, neurologue au CHUM et chercheur au CRCHUM

Le Dr Alexandre Prat est neurologue au CHUM et chercheur au Centre de recherche du Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CRCHUM), au sein du Collège des nouveaux chercheurs en arts et en science.

Ce chercheur est probablement l'un des plus prometteurs et novateurs de la communauté de recherche en SP. Il a d'ailleurs été honoré par la Société royale du Canada en septembre 2015, afin de souligner sa contribution scientifique remarquable. Le Dr Prat s'intéresse à la barrière hémato-encéphalique et à son mode de régulation dans le cerveau adulte, ainsi qu'à ses multiples dysfonctionnements dans les maladies inflammatoires chez l'adulte et l'enfant.

La recherche novatrice du Dr Prat est à l'origine de thérapies originales et prometteuses, actuellement en développement pour le traitement de la sclérose en plaques.

Félicitations pour cet honneur!

Le Dr Alexandre Prat au congrès Xchange SP

Pathogenèse et traitements de la neuromyélite optique aiguë

Conférence du Dr Jeffrey Bennett, Université du Colorado à Denver


La neuromyélite optique aiguë (NMO), aussi appelée maladie de Devic, est une maladie du système nerveux central qui prend pour cibles les nerfs optiques et la moelle épinière. Ses principaux signes cliniques sont la névrite optique (inflammation d’un nerf optique) et la myélite transverse (inflammation de la moelle épinière). On confond parfois la NMO avec la sclérose en plaques (SP) parce que ces deux maladies partagent de nombreux points communs. Cela dit, la NMO est plus rare que la SP, et les poussées de NMO sont plus graves que les poussées de SP. On ignore encore quelle est la cause de la NMO.

Les symptômes de la NMO et de la SP peuvent sembler similaires, mais ces maladies sont bien distinctes, et elles sont caractérisées par des mécanismes différents. Elles nécessitent donc des traitements différents. En général, on ne prescrit pas d’immunomodulateurs aux personnes atteintes de NMO, comme l’interféron bêta ou l’acétate de glatiramère, qui sont destinés au traitement de la SP. Certaines études ont démontré que l’interféron bêta n’a aucun effet positif sur la NMO et que dans le pire des cas, il peut même aggraver les symptômes de cette maladie.

Le Dr Bennett recommande de traiter la NMO avec de hautes doses de corticostéroïdes et avec la plasmaphérèse (échange plasmatique) en attendant que la recherche apporte d’autres options de traitements.

Pour plus d’information : http://scleroseenplaques.ca/fr/pdf/NMO-FR.pdf

Rencontre avec une neurologue québécoise au parcours exceptionnel

Première pause de la journée : Nadine prend quelques minutes pour une entrevue avec la Dre Catherine Larochelle, neurologue à l'Hôpital Notre-Dame. Histoire d'une femme au parcours hors du commun...



Josée Poirier, infirmière clinicienne, Clinique de sclérose en plaques

Nadine et Josée Poirier
J'ai participé à l'ECTRIMS qui avait lieu en octobre à Barcelone (Espagne). Il y avait plus de 9 000 congressistes. Un record! Ce qui m'a intéressée le plus est qu'une étude sur un traitement pour la forme progressive primaire a enfin donné des résultats positifs. Il s'agit du médicament Ocrelizumab qui se donne par injections intraveineuses. Les résultats sont assez spectaculaires avec ce même médicament, mais pour la forme cyclique.

Autre sujet intéressant : les phénotypes. En génétique, un phénotype est l'ensemble des caractères observables d'un individu. Très souvent, l'usage de ce terme est plus restrictif : le phénotype est alors considéré au niveau d'un seul caractère, à l'échelle cellulaire ou encore moléculaire. L'ensemble des phénotypes observables chez un individu donné est parfois appelé le phénome. Peut-être qu'éventuellement, on pourra prédire davantage l'évolution de la maladie de chaque personne. Les nouveaux médicaments visent de plus en plus l'absence d'activité de la maladie avec le concept NEDA - No Evidence of Disease Activity. On le mesure à l'aide de l'imagerie par résonance magnétique et de l'EDSS qui est mesuré par l'examen neurologique ainsi qu'avec la mesure de l'atrophie cérébrale. C'est donc à suivre...

Josée Poirier, infirmière clinicienne, clinique de sclérose en plaques, Hôpital Notre-Dame (CHUM)


Facteurs de risque modifiables de la SP

Conférence du Dr Brent Richards, professeur associé de médecine, William David Scholar, chercheur boursier et clinicien scientifique de la FRSQ à l’Institut Lady Davis de l’Hôpital général juif.

Le Dr Richards explique que beaucoup d’études visent à identifier les facteurs qui contribuent à l’apparition de la sclérose en plaques. Parmi les facteurs environnementaux souvent mis en cause figure une carence en vitamine D.

Le Dr Richards et une équipe de chercheurs ont utilisé une méthode appelée « randomisation mendélienne » pour déterminer si de faibles taux de vitamine D augmentaient le risque de SP. La randomisation mendélienne est fondée sur le principe voulant que l’enfant hérite de façon aléatoire des gènes de ses deux parents au tout premier stade du développement et que, par conséquent, les gènes d’une personne ne subissent pas l’influence de facteurs externes ou de maladies.

Une étude portant sur une cohorte de 14 498 personnes atteintes de SP et de 24 091 sujets sains (toutes ces personnes étaient d’origine européenne), a permis à l’équipe du Dr Richards de démontrer de façon convaincante que de faibles taux de vitamine D augmentaient le risque de SP. De plus, ces résultats justifient la poursuite de travaux de recherche visant à déterminer si le fait d’augmenter les taux de vitamine D (prise de suppléments, alimentation adaptée ou exposition au soleil) pourrait réduire le risque de développer la SP. Ce type d’étude est très important puisque le Canada est le pays où l’on retrouve le plus de SP et où l’exposition aux rayons du soleil en hiver est réduite.

Nadine et le Dr Richards


Pour en apprendre davantage : https://beta.scleroseenplaques.ca/nouvelles-sur-la-recherche/article/une-analyse-genetique-sophistiquee-revele-quun-faible-taux-de-vitamine-d

Les recherches du Dr Pierre Duquette, MD, FRCP(C)


Première conférence - Recherche sur la SP : de nouvelles frontières

Le Dr Giancarlo Comi est professeur de neurologie, directeur du département de neurologie et directeur de la neurologie expérimentale à l’Université Vita-Salute San Raffaele (Milan, Italie). Il a reçu le prestigieux prix Charcot en 2015 en reconnaissance de ses accomplissements dans les domaines de la pathophysiologie et du traitement de la SP. Le Dr Comi est un des leaders mondiaux  et un pionnier dans le développement de traitements modificateurs de l’évolution de la SP.

Dr Comi

La présentation du Dr Comi porte sur trois aspects importants du traitement de la SP :

1 – Le traitement précoce
2 – Le traitement individualisé
3 – Le traitement de la SP progressive

Actuellement, les neurologues travaillent selon le principe que ce qui est perdu ne sera peut-être pas retrouvé. Selon le Dr Comi, il apparaît clair que le traitement est plus efficace lorsqu’il est initié très tôt après le diagnostic de SP. Le délai entre le premier symptôme et le début du traitement est de plus en plus court également parce qu’on diagnostique la SP de plus en plus tôt. Les traitements actuels ont un effet restreint sur l’atrophie cérébrale, surtout lorsqu'ils commencent tardivement.

Afin de pouvoir offrir un traitement individualisé, les études sur la génomique sont de la plus grande importance. Les scientifiques recherchent des biomarqueurs précis pour identifier le meilleur traitement pour chaque personne, ce qui n’est pas simple avec une maladie si complexe et si hétérogène.

De plus, prédire l’évolution de la SP à long terme représente un grand défi. La SP a des profils différents et une multitude de facteurs prognostiques possibles : le sexe, l’âge du diagnostic, les lésions, etc. Plusieurs études sont en cours pour évaluer les facteurs pouvant prédire l’évolution de la SP notamment en observant l’atrophie cérébrale, les types de lésions et leur emplacement.

Depuis quelques années, j’entends souvent parler du concept No Evidence Base Activity (NEDA) et c’est un sujet qui me passionne. Le concept NEDA est le nouvel objectif thérapeutique des neurologues, ce qui veut dire que le résultat visé est le contrôle de la sclérose en plaques. Selon le Dr Comi, un traitement précoce individualisé favoriserait l’atteinte de cet objectif.

Il sera sûrement très intéressant de suivre de près les travaux du Dr Comi qui portent notamment sur la neuroprotection et la réparation des lésions. 

Première rencontre de la journée avec les organisateurs du congrès

Avant le début de la première conférence, nous avons pu rencontrer les organisateurs du congrès Xchange SP, Jack Antel, MD, professeur à l'Université McGill, programme sclérose en plaques et neuroimmunologie, Institut neurologique de Montréal et Pierre Duquette, MD, FRCP(C), professeur à l'Université de Montréal, et directeur, clinique de sclérose en plaques de l'Hôpital Notre-Dame.

Ensemble, ils nous ont expliqué la raison d'être du congrès Xchange SP.

Dr Pierre Duquette :

Nous avons réalisé il y a quelques années que beaucoup de companies pharmaceutiques tiennent régulièrement de petits événements, qui ne rejoignent pas toujours un grand public. C'est la raison pour laquelle nous avons decidé de créer une journée pour réunir un réseau plus large, et pour se mettre au fait des derniers travaux de recherche en cours.

Et c'est déjà la quatrième année d'existence de Xchange SP! C'est un succès, le nombre d'inscriptions augmente et le public a l'air d'apprécier l'initiative.

Pour ce congrès, nous avons essayé de garder un bon équilibre entre la science de base qui caractérise notre communauté, et le terrain thérapeutique, qui bouge beaucoup et qui est assez complexe.

Je pense que nous avons créé la communauté Montréal Xchange. Nous sommes tous des chercheurs, mais nous sommes aussi chercheurs ensemble, et notre collaboration est notamment rendue possible grâce à cette journée.

Dr Jack Antel :

Il y a presque 30 ans, Pierre et moi avons senti que, de l'Est du Québec jusqu'à Ottawa, en s'étendant même aux provinces atlantiques, créer un réseau était LE moyen de susciter l'intérêt pour la SP et de le garder.

Quand on m'a demandé d'être le directeur du programme stop SP, je l'ai utilisé comme tremplin pour faire quelque chose de national. Ce programme arrive maintenant à sa fin, mais nous avons le défi de garder ce vif intérêt. C'est ce que nous allons faire avec ce réseau. Nous avons de bons plans pour la suite, grâce aux efforts de tous, et nous espérons que l'interaction et l'activité vont continuer.

Pierre Duquette, MD, FRCP(C), et Jack Antel, MD

mercredi 4 novembre 2015

Congrès Xchange SP - Vendredi 6 novembre

Le Québec est une plaque tournante de la recherche dans le domaine de la SP.
Tant mieux pour tous les passionnés de recherche dont je fais partie, car ça nous permet de connaître les dernières avancées.

Je reprends mon rôle de blogueuse ce vendredi 6 novembre lors du congrès Xchange SP qui se tiendra à Montréal. Cet événement attirera près de 200 participants de l’Est du pays, principalement des chercheurs, des cliniciens, des infirmiers et des étudiants au doctorat et post-doctorat. J’aurai la chance de faire plusieurs rencontres et d’assister à des conférences données par des experts du Canada et de l’international tels que le Dr Giancarlo Comi (Italie) et la Dre Tanuja Chitnis (États-Unis).

J’adore participer à ce genre de congrès scientifique : je sens que nous sommes à la croisée des chemins. Les connaissances actuelles nous permettent d’espérer de belles découvertes, notamment des traitements pour les formes progressives et d’autres options thérapeutiques pour la forme cyclique de la SP.

J’espère que les vidéos et les articles que nous mettrons à votre disposition vendredi vous feront sentir tout le dynamisme de la communauté scientifique de la SP et que vous pourrez vous aussi garder espoir en notre but commun : stopper la SP.

Nadine
Directrice des programmes et services et des relations gouvernementales
Société canadienne de la sclérose en plaques, Division du Québec